jeudi 13 octobre 2011

En septembre, il n’y a pas que le 11…



Les victimes des terribles attentats du World  Trade Center à New York  ne sont pas les victimes absolues de la barbarie islamiste. C’est pourquoi la commémoration du 10ème anniversaire a pu susciter un malaise, voire un agacement quant l’ambassadeur américain intervient dans la presse pour rassurer quant à la confiance de son pays en son allié algérien. Celui-là même qui durant ces dix années, en guise de sceau de sa politique de réconciliation nationale, a maintenu en prison Mohamed Gharbi, le patriote qui a fait face, seul, au terroriste islamiste qui le menaçait. C’est un satisfecit trop rapidement accordé à un allié qui a politiquement et idéologiquement désarmé la société, réduit la vigilance jusqu’à permettre le terrible attentat de Cherchell et abandonné plus de 100 000 victimes dont les familles n’ont de jour de deuil que celui de la mort de leur proche et de lieu de commémoration qu’une triste tombe solitaire, quand elle existe.
Le monde avait partagé la souffrance du peuple américain. La joie pathétique à l’annonce que la cible de l’opération Géronimo avait été abattue n’était plus qu’une joie américaine. Entre temps la longue plainte des victimes emportées par la folie meurtrière islamiste avait laissé place à un poing qui s’est abattu sur le monde arabe et musulman. Causant mort et destruction en Irak, prenant le risque de déstabiliser le Pakistan car incapable d’offrir un avenir à l’Afghanistan. Une main tendue lui aurait succédé. En direction des peuples qui aspirent à la démocratie. Dix ans après, les révolutions arabes viennent souligner les limites d’un  courroux et d’une ambition hégémonique loin d’assurer « le triomphe de l’esprit humain ». L’humanité des autres victimes de l’islamisme n’a pas été assez soulignée. Et L’humanité, au nom de laquelle on s’accorde un droit d’ingérence, en est-elle encore une, quand elle apporte autant de souffrances que les despotes dont elle est sensée protéger?
En septembre, il y a aussi le 14. Comme ce jour de 1994 où Salah Chouaki a été assassiné par trois jeunes intégristes. Salah pour qui l’expression dignité républicaine semble avoir été forgée. Salah de ceux par qui nous avons connu les chants de cheikh Imam et la poésie de Nazim Hikmet. Salah, le militant et l’éducateur qui croyait tant et si bien en cette jeunesse qu’il est resté affronter les balles assassines plutôt que de l’abandonner ou pire comme le fait un pouvoir indigne des sacrifices des meilleurs des fils de ce pays, n’hésite pas à mettre en prison trois jeunes chômeurs désespérés qui étaient prêts à renoncer à leurs vies pour interpeller sur le sort fait à toute une génération.
On ne peut pas égrener le nom de toutes les victimes algériennes, mais aujourd’hui, j’avais juste envie de me rappeler de l’une d’elles et des mots de Maïakovski : « Adieu camarade, tu l’as terminé, ton chemin honnête et vaillant. L’horreur. Ferme les yeux, ne regarde pas, comme si tu marchais sur un fil de soie, comme si un instant tu étais seul à seul avec une immense et unique vérité ».

Le Renard

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