Les victimes des terribles
attentats du World Trade Center à New
York ne sont pas les victimes absolues
de la barbarie islamiste. C’est pourquoi la commémoration du 10ème
anniversaire a pu susciter un malaise, voire un agacement quant l’ambassadeur
américain intervient dans la presse pour rassurer quant à la confiance de son
pays en son allié algérien. Celui-là même qui durant ces dix années, en guise
de sceau de sa politique de réconciliation nationale, a maintenu en prison
Mohamed Gharbi, le patriote qui a fait face, seul, au terroriste islamiste qui
le menaçait. C’est un satisfecit trop rapidement accordé à un allié qui a politiquement
et idéologiquement désarmé la société, réduit la vigilance jusqu’à permettre le
terrible attentat de Cherchell et abandonné plus de 100 000 victimes dont les
familles n’ont de jour de deuil que celui de la mort de leur proche et de lieu
de commémoration qu’une triste tombe solitaire, quand elle existe.
Le monde avait partagé la souffrance
du peuple américain. La joie pathétique à l’annonce que la cible de l’opération
Géronimo avait été abattue n’était plus qu’une joie américaine. Entre temps la
longue plainte des victimes emportées par la folie meurtrière islamiste avait
laissé place à un poing qui s’est abattu sur le monde arabe et musulman. Causant
mort et destruction en Irak, prenant le risque de déstabiliser le Pakistan car
incapable d’offrir un avenir à l’Afghanistan. Une main tendue lui aurait
succédé. En direction des peuples qui aspirent à la démocratie. Dix ans après,
les révolutions arabes viennent souligner les limites d’un courroux et d’une ambition hégémonique loin
d’assurer « le triomphe de l’esprit humain ». L’humanité des autres
victimes de l’islamisme n’a pas été assez soulignée. Et L’humanité, au nom de
laquelle on s’accorde un droit d’ingérence, en est-elle encore une, quand
elle apporte autant de souffrances que les despotes dont elle est sensée
protéger?
En septembre, il y a aussi le 14.
Comme ce jour de 1994 où Salah Chouaki a été assassiné par trois jeunes
intégristes. Salah pour qui l’expression dignité républicaine semble avoir été
forgée. Salah de ceux par qui nous avons connu les chants de cheikh Imam et la
poésie de Nazim Hikmet. Salah, le militant et l’éducateur qui croyait tant et
si bien en cette jeunesse qu’il est resté affronter les balles assassines
plutôt que de l’abandonner ou pire comme le fait un pouvoir indigne des
sacrifices des meilleurs des fils de ce pays, n’hésite pas à mettre en prison
trois jeunes chômeurs désespérés qui étaient prêts à renoncer à leurs vies pour
interpeller sur le sort fait à toute une génération.
On ne peut pas égrener le nom de
toutes les victimes algériennes, mais aujourd’hui, j’avais juste envie de me
rappeler de l’une d’elles et des mots de Maïakovski : « Adieu
camarade, tu l’as terminé, ton chemin honnête et vaillant. L’horreur. Ferme les
yeux, ne regarde pas, comme si tu marchais sur un fil de soie, comme si un
instant tu étais seul à seul avec une immense et unique vérité ».
Le Renard
Le Renard
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