lundi 31 décembre 2012

Quelle ligne stratégique ?


Quelle ligne stratégique ?

Depuis des années, on peut noter un mouvement tendanciel vers une meilleure saisie de la crise, mais qui ne va jamais jusqu’à son ultime achèvement. Tous semblent s’en approcher. mais tous trébuchent en chemin. On tourne autour de l’objet du délit, on y fait allusion, on tente des incursions, sans jamais l’atteindre au cœur. le paysage sociopolitique actuel est caractérisé par une coupure entre la société et l’Etat, entre la société et la classe politique et trouve sa démonstration et son illustration dans la croissance continue du taux d’abstention, le désespoir par rapport aux formes réformistes ou classiques développé  de lutte totalement galvanisées, la méfiance vis à vis des partis politiques, l’échec de la « protesta », par sa formation la société rejette l’hégémonisme  intégriste bien qu’elle reste profondément religieuse ce qui caractérise sa démarche, aux fracture social imposé par la modernité elle a recours a la morale et l’éthique pour produire ses réponses ,et le despotisme du pouvoir même si ou l’absence de consensus d’identification avec lui ou à lui.
Cependant, et en dépit de cette rupture, de nombreux algériens s’identifient au système comme rente, sous la forme d’un rapport d’aliénation parce qu’ils en bénéficient à court terme. Mais, ils ne s’identifient pas au système comme résultats de gestion, dès qu’ils prennent conscience de leurs intérêts sur le long terme. Conflit entre leurs intérêts personnels immédiats tels qu’ils sont conçus et les intérêts du pays et leurs propres intérêts stratégiques sur le long terme. C’est une des raison pour laquelle elle ne s’identifie pas ou, ne s’identifie pas encore, au discours de la classe politique démocratique, mais aussi du fait de la coupure entre cette classe et la société ,ajoutant a cela le fait que le pouvoir fait tout pour neutraliser les forces démocratiques et empêcher qu’elle ne se forment comme opposition radicale et crédible . Au besoin il met en avant ses capacités de récupération, de manipulation et d’intégration en élargissant les espaces de distribution de la rente par la formation d’une couche parasitaire a tous les paliers de la société , lié a sa logique d’économie de bazar de l’informel et de la généralisation de la corruption .
Cette  coupure trouve aussi sa démonstration dans la faiblesse du mouvement syndical et associatif, dans leur mode de fonctionnement non démocratique, miné par les manœuvres et manipulations du pouvoir, sans oublier le rôle négatif que joue les financement étrangers non transparent dans la neutralisation du caractère revendicatif et d’opposition de ce mouvement, d’une part il exprime les volontés politiques des organismes bailleur de fond et d’une autre part les volontés tout aussi politiques de caporalisation de ce mouvement par le pouvoir

il s’agit désormais d’enlevé au pouvoir despotique l’initiative stratégique d’être principalement sur l’anticipation que se soit sur la solution théorique ou la solution pratique , la démarche du système algérien  l’un des systèmes totalitaires les lus achevés qui excelle à combiner des rapports, consiste a installée l’Algérie dans un cercle vicieux qui bloque réforme C’est l’Etat, ses institutions, l’instrument de gestion politique qui pose problème. Cette situation hypothétique depuis des années toutes les tâches et les luttes sectorielles promises à l’échec, du fait de leur soumission à la crise mère, pour aboutir, ces luttes autour des problèmes concrets doivent se rattacher aux luttes centrales autour de la question fondamentale de l’Etat et du système politique, économique et social… Cela pose pour les démocrates des exigences d’évaluation du niveau de conscience des luttes sectorielles pour faire en sorte que ces luttes concourent à résoudre la contradiction principale… pour se résoudre elles-mêmes durablement.
Tout prête à croire qu’une nouvelle phase de maturation des contradictions en présence et à un mouvement d’accumulation de contradictions nouvelles qui vont, à terme, se libérer. On doit logiquement s’attendre à des accélérations dans le mouvement social et le mouvement socio-démocratique et à l’aiguisement des décantations et luttes politiques.
La crise peut traverser de nouvelles phases d’aiguisement. On peut raisonnablement entrevoir que la dialectique de l’Histoire finira par prévaloir et que la contradiction entre les deux projets de société, parvenues à maturité de façon irréversible, et d’autant plus irréversible qu’elle aura épuisé ses potentialités et finira par faire  s’imposer et pulvériser tout compromis hybride.

vigilance démocratique



À la lumière des évolutions politique dans les pays arabe qui ont connu des mouvements de révolte débuchant sur le changement des régimes en place et en pleine transition, il devient clair que la stratégie des intégristes est un tout indivisible. Elle consiste en la stratégie du forceps. L’intégrisme agit en totale complémentarité tactique, collationné par le résultat de la fourberie de son discours. Cela lui permet d’agencer des formes d’action multiples. Il renonce pragmatiquement  à son concept d’état théocratique pour un état civil pour éviter de parler d’état démocratique. Et il est d’autant plus à l’aise maintenant qu’il a un pied dans le pouvoir, pour le tétaniser de l’intérieur, un pied dans l’opposition pour  tétaniser les forces démocratiques de l’extérieur. Il agit en combinant différentes formes d’action mis en œuvre par différents acteurs y compris par des  forces dites progressistes pour faire échec au contenu historique de cette transition et pour la faire déboucher sur la « solution islamique ». Aujourd’hui la question des droits de l’homme constitue le cheval de Troie
Aujourd’hui, l’intégrisme se redéploie confiant du probable succès de sa stratégie. La seule distinction entre modérés et radicaux est que les radicaux avancent à découvert affichant clairement leurs projet rejetant la démocratie, tandis que les modérés avancent masqués, à pas feutrés parle de démocratie mais tirent avantage de la pression des radicaux. Ce qui l’oblige et lui permet en même temps de moduler le niveau de la pression terroriste qu’il met au service de la cause qui est la sienne, l’essentiel étant pour lui de maintenir le terrorisme comme épée de Damoclès, comme menace sur la société , Il a la certitude que le temps travaille pour lui.
La persistance  du terrorisme n’est pas artificielle, les islamistes modérés en tirent profit autant que les radicaux. En même temps que la pratique de la souplesse tactique et de l’entrisme, les radicaux en tire aussi profit, il s’agit pour le terrorisme islamiste de maintenir la pression terroriste. Les éléments qui ont joué la carte électorale peuvent verser dans le terrorisme devant leur échec, tandis que d’autres éléments, déjà dans le terrorisme, se trouvant devant la même impasse, peuvent renoncer et se fondre, tactiquement, dans la stratégie du pouvoir. D’autant que la logique du compromis constitue un facteur de désorientation et de blocage qui empêche des progrès plus décisifs, et donne au terrorisme plus de chance pour sa survie et à la crise plus de chance de se perpétuer, et par elle le pouvoir qui la générée qui est prêt à accepter un seuil de nuisance terroriste qui piégerait la société et le camp démocratique dans une position de retenue vis-à-vis de lui
 À la différence de  1991 l’électorat des islamistes  qui a été, pour l’essentiel, exercé un « vote-sanction » travaille au corps par les islamistes cède la place à un électorat plus affermi idéologiquement. Cet électorat, de plus en plus jeune, est essentiellement le produit d’un système idéologique édifié sur les fondements des appareils idéologiques d’Etat, essentiellement les conceptions rentières bazaristes et informel  de l’économie, institutions religieuses, scolaires, médias lourds, etc… le potentiel électoral des islamistes ne peut être endiguée indéfiniment par le moyen d’une fraude massive, systématique et généralisée, révélant un refus de mener le combat sur le terrain politique, idéologique, culturel et institutionnel.
L’argument utilisé par le pouvoir et certains démocrates pour justifier le compromis avec l’islamisme est que ce dernier est tellement réduit à résipiscence qu’il est désormais maîtrisable politiquement. S’il en était ainsi, pourquoi ne pas lui faire consommer son échec en le disqualifiant, pourquoi lui accorder alors la possibilité de se réaffirmer électoralement, et pourquoi user d’une fraude à grande échelle pour enrayer la menace qu’il fait peser à son niveau critique ?

vendredi 21 décembre 2012

Non a L’impunité

10 ans après la mort du journaliste Abdelhaï Beliardouh, victime de séquestration, de violences, de torture ,d’humiliations , la cour criminelle de Tébessa a acquitté, par magie noire sortie des entrailles de la corruption et de l’avilissement devant le pouvoir de l’argent, les quatre accusés, dont le principal, Saâd Garboussi , à la grande stupéfaction des membres de sa famille et de la partie civile.
Acquittement!!!! Le deuxième assassinat de Abdelhai Beliardouh, dit Azza!
Le verdict est venu réaffirmer la volonté du pouvoir de faire taire toutes les voix discordantes et attester de sa mainmise sur l’ensemble des institutions de la République en particulier l’institution judiciaire.
Il était insensé de croire que la justice échapperait à une logique qui met toutes les administrations et les assemblées dites représentatives au service d’un pouvoir despotique qui ne s’encombrera ni de scrupules ni de doutes pour écraser impitoyablement tous ceux qui croient qu’il est impossible de mener la lutte contre la corruption sans lutter contre les corrompus.
Cette logique porte un coup terrible à l’autorité politique et morale de l’Etat, au moral des citoyens.
Au-delà de la protestation et de l’indignation qu’il leur faut légitiment manifester, toutes les femmes et tous les hommes d’honneur que compte notre pays doivent maintenant prendre l’exacte mesure de ces nouveaux et dangereux développements et de leur signification pour l’avenir.
L'heure est à la mobilisation consciente et collective. L'heure est à la convergence des efforts, des luttes, à l'unité d'action et au rassemblement des énergies, pour que le poids du mouvement populaire patriotique et son influence au sein de la société civile, dans les organisations politiques, syndicales et sociales

Les correspondants locaux de la presse démocratique, véritable relai pour le mouvement social, qui apportent avec persévérance et courage une information et un éclairage sur les luttes dans la société se voient ainsi soumise à une logique inacceptable, leurs vies leurs intégrités morale et physiques sont plus que jamais menacés.
les citoyennes et citoyens, les démocrates et patriotes où qu’ils se trouvent doivent encourager la mise en place d’une législation qui protège et développe la presse démocratique et soutenir plus fortement encore dans leurs luttes les journalistes algériens dont l’esprit de responsabilité doit continuer à s’élever pour réaliser de nouvelles conquêtes, Il faut se mobiliser vigoureusement pour défendre ce bien précieux qu’est la liberté de la presse, maillon indispensable pour l’exercice de la démocratie, pour continuer à mobiliser les consciences et renforcer la lutte pour un état démocratique moderne dans la forme et dans le fond
Citoyennes, citoyens venez tous au rassemblement qui sera organiser le samedi 22 décembre a 10h a la maison de la presse Tahar Djaout pour honoré la mémoire du martyr Abdelhaï Beliardouh
victime de l’injustice la plus abjecte, exigeons que la vérité soit dite et que justice soit faite
Gloire a nos martyrs de la dictature

Un collectif pour une autre mémoire

Un collectif pour une autre mémoire

Avec la Chartre pour la Paix et la Réconciliation nationale, le pouvoir prétend interdire la mémoire de l’affrontement avec le terrorisme islamiste. En vérité c’est toute idée de conflit au sein de la société qu’il veut nier et délégitimer.  La contestation de cette approche despotique de l’histoire passe par la réhabilitation du patrimoine de luttes menées par notre peuple. Le souvenir est aussi un champ de lutte, un prolongement du combat politique.

Cette mémoire des luttes, des souffrances et des espoirs qu’elles ont portés est essentielle à la poursuite du combat pour l’émancipation sociale et politique. Elle l’éclaire et le raffermit. Elle permet d’éviter la répétition d’erreurs et ouvre la voie à des expériences nouvelles. Des expériences non pas enfermées dans le passé, mais fortes de ce passé. Cette mémoire est le lien entre les différentes générations d’activistes sociaux et politiques.

On est moins tenté de protester quand on pense vivre dans une société dans laquelle serait absente toute alternative de liberté, de progrès et de justice sociale. C’est ce que s’acharnent à établir une classe politique obsolète, les forces de l’argent, le système éducatif et universitaire contraint par l’idéologie dominante et une presse trop souvent soumise à la logique néolibérale. En effaçant toute trace de certaines luttes, de certains acteurs en détournant le sens de certains événements.

Nous devons résister à cette hégémonie en opposant une autre mémoire. Une mémoire des luttes et mouvements de protestation populaires pour la libération et l’édification nationale, contre l’impérialisme, pour le recouvrement de l’identité nationale et la reconnaissance de tamazight, pour les droits de l’homme, pour l’égalité entre les hommes et les femmes, contre le terrorisme islamiste, pour les libertés syndicales ou pour la justice et la vérité. Autant de luttes dans lesquelles ont toujours été engagées les forces du changement radical.

Il faut opposer au processus de sélection des hommes et des faits qui font la matière de l’histoire officielle un travail patient de collecte de témoignages et de documents, à partir desquels pourraient s’organiser des échanges et la transmission à travers différents supports écrits et audiovisuels ainsi qu’à l’occasion de rencontres commémoratives. Il faut, surtout, élaborer une réflexion sur cette histoire pour en faire ressortir le sens. Car oui, l’histoire a un sens.


Il s’agit donc d’engager un travail politique. Il peut s’appuyer sur la compétence des historiens, mais il doit d’abord et avant tout se baser sur l’engagement militant et citoyen. Le 50ème anniversaire de l’indépendance offre l’occasion d’engager le débat sur l’écriture d’une autre histoire, une histoire populaire grâce à laquelle nous pourrions forger les réponses à apporter aux négationnistes et aux provocateurs qui à l’instar de l’ancien ministre de la Défense français traitent la mémoire comme ils traitent les vivants : par le mépris.

Prenons le pari que la révolte qui s’empare de toutes les sphères de la vie sociale et politique, en Algérie, peut gagner l’histoire. Afin d’entamer la mise en place d’un collectif pour une autre mémoire et lui tracer un programme de travail,

PS : différentes propositions sont déjà avancées comme la célébration des manifestations du 11 décembre 1960, la commémoration de la disparition de Mohamed Sellami le 19 décembre 1994, hommage à Che Guevara à l’occasion de son dernier discours public  lors de son passage à Alger le 24 février 1965, célébration des marches contre le terrorisme islamiste des 22 mars 1993 et 1994, hommage à Henri Maillot…

Agir maintenant !


Agir maintenant !

Les politiques menées par le pouvoir produisent de plus en plus d’inégalités et la pauvreté avance malgré le déni des autorités. L’ajustement structurel et la politique économique actuelle ont accru la précarité de certaines couches les plus modestes et porté atteinte à l’exigence de respect de la dignité humaine. Bien qu’il semble penser que c’est le prix à payer pour renouer avec la croissance, le pouvoir ne peut plus continuer à cacher une réalité cruelle derrière l’accroissement des réserves financières qui est le résultat des seuls sacrifices de la société. Il ne peut pas demander, non plus, que les victimes de son orientation attendent résignées qu’elle apporte un jour des fruits. La société civile doit intervenir pour dire qu’il n’y a pas de fatalité sociale car l’Etat est de moins en moins présent pour palier aux conséquences de sa politique.

La protection et l’accompagnement des plus vulnérables font d’autant plus défaut que le pouvoir refuse tout contrôle démocratique sur la gestion des différents dispositifs de lutte contre la pauvreté. C’est pourtant une modalité indispensable de son succès. Elle passe par l’implication des citoyennes et des citoyens dans l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de la stratégie mise en œuvre. Elle exige un partenariat entre tous les acteurs du développement tels que les institutions, la société civile, les collectivités locales et les entreprises. Cette démocratisation de la lutte contre la pauvreté est une des dimensions de la démocratisation de l’Etat. Mais les Algériennes et les Algériens les plus en détresse ne peuvent pas attendre un Etat démocratique. Car l’hiver est là !

C’est maintenant qu’il faut agir. C’est dans les villes que se concentre la misère. A cause des déséquilibres toujours plus grands entre l’intérieur du pays et les villes qui captent l’essentiel des ressources, en particulier Alger. Mais nous pouvons compter sur la disponibilité des algériens. S’ils se méfient des institutions caritatives officielles, ils se sont aussi dévoués spontanément lors du séisme de Boumerdès et les inondations de Bab El Oued. Il faut donner un prolongement à ces mouvements de solidarité extraordinaires. Il faut offrir un cadre permanent dans lequel les citoyennes et les citoyens participeront à faire reculer l’hydre de la pauvreté. Du 9 décembre 2012 au 9 mars 2013, le collectif de Solidarité Populaire « la main au cœur » organise à Alger une ronde solidaire. A bord d’un véhicule des aliments et des vêtements chauds seront distribués tous les soirs.

Vous pouvez vous engager dans cette initiative en mettant des moyens à la disposition du collectif (voitures, vêtements, aliments, ustensiles de cuisine et pour le service) mais surtout en participant personnellement à une de ses rondes. C’est quotidiennement, entre 18h et 21h que seront apportés une écoute solidaire, une orientation vers les dispositifs existants et même une assistance médicale. Vous pouvez en être à chaque fois que vous serez disponible. Pour rejoindre les premiers volontaires inscrivez vous dès aujourd’hui dans le planning des bénévoles.

Pour toute information :
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jeudi 13 octobre 2011

octobre 88, ses bribes de luttes, ses petites victoires, ses difficultés mais surtout ses espoirs.



D’octobre 88 au moment présent, la société n’a pas connu de répit. Derrière le chaos sensible dans lequel s’est installée l’Algérie y a un ordre insensible, pour reprendre la formule de Paul Virilio. Cet ordre c’est celui du despotisme néolibéral.  La dérégulation n’est-ce pas son crédo ? Il n’intervient que pour laisser passer et laisser faire les spéculateurs, les corrompus et les fraudeurs. Et n’est-ce pas Ouyahia qui  a appliqué la potion amère, sous couvert du FMI pour crédibiliser des mesures contestées ? Notre docteur Mengele national, a fait preuve d’un bel acharnement thérapeutique en direction aussi bien des travailleurs que des cadres du secteur public, dont l’une, madame Laouar mourût en prison avant d’être innocentée, tandis que les employés des galeries algériennes étaient poussés au suicide, après avoir été laissés sans salaires. Pourtant ce même Ouyahia, toujours avec le même aplomb que lui donnent quelques décideurs de l’ombre, n’hésite plus à agiter le drapeau du patriotisme économique et à fustiger le libéralisme de la mamelle. Mais cette mamelle c’est bien le pouvoir qui s’y est agrippé si fermement ! Tout en abandonnant, dès 88, les idéaux de justice, d’égalité et de dignité qu’incarnait, jusque là, l’idée de socialisme banni de la Constitution depuis lors. Parce qu’il ne faut pas faire de l’idéologie dans une Constitution, même si on garde l’article 2 qui proclame l’islam religion d’Etat et que Tamazight est acceptée comme langue nationale, elle aussi, mais pas comme langue officielle. Mais n’allez pas y voir de l’idéologie ! Ne parlez pas d’arabo-islamisme conservateur, ça serait offensant pour nos dirigeants éclairés. Non, depuis octobre 88, ils ont renoncé à nous imposer quoi que ce soit. Même l’armée s’est retirée du comité central du FLN. D’ailleurs il ne s’appelle plus comme ça. Quand je dis il je veux dire le comité pas le FLN. Parce que le FLN est toujours là. Depuis octobre 88 on est passé du système du parti unique à celui de système à parti hégémonique, ou plutôt à celui de l’Alliance présidentielle qui signe l’incapacité de ce système à rompre avec le concept de parti/Etat. Voilà un domaine où il n’aura pas réussi à combattre l’inflation. Il ne nous inflige plus un parti/Etat mais trois ! Leur opposition aux maigres avancées dans les projets de loi électorale ou sur les partis est significative de leur obsolescence. Mais peut être Bouteflika compte-t-il sur leurs pressions islamo-conservatrices pour ramener les démocrates à accepter sa démarche, avant de passer non plus à une Alliance mais un parti présidentiel ? Après tout ne se montre-t-il pas encourageant envers ces forces qui au final seront prêtes à s’accommoder de ses réformes tant qu’elles restent associées au pouvoir ? Au point où même Ouyahia n’hésite pas à se transformer en imam et à donner des leçons de morale aux consommateurs d’alcool. La morale, oui, Ouyahia qui donne des leçons de morale. On ne doit plus être loin de l’Apocalypse.
Pas plus que Chadli en octobre 88, qui, lui aussi, avait commencé une nouvelle ère par une amnistie, Bouteflika n’a pris la mesure des aspirations. Il ne sera pas notre Mandela, même pas notre De Klerk. C’est râpé pour le prix Nobel. Comme pour Chadli d’ailleurs. La jeunesse que l’un appelait à la révolte et dont l’autre appelait à entendre la révolte dans une kermesse d’élus locaux, reste toujours la grande oubliée des réformes. On lui consacrera encore quelques milliards avec l’Ansej, mais a-t-on fait le bilan des politiques menées depuis les premières coopératives de jeunes post-octobre 88 ? Elles ont surtout permis d’enrichir quelques importateurs de fours à pizza et de bus, ainsi que les banques qui auront épongé l’épargne nationale, pour finir avec d’encombrantes surliquidités. Le résultat c’est que les jeunes chômeurs, pas très satisfaits du bilan globalement positif que décline régulièrement le pouvoir, à l’image du bulletin de santé de Bouteflika, reçoivent, à défaut d’un emploi, des coups de matraque. Pour ne pas faire de jaloux, ils subissent le même sort que les jeunes venus rendre hommage aux victimes du 5 octobre 88 au Square Port-Saïd, la Place des Martyrs ayant fait l’objet d’une mesure de bouclage permanent, sous prétexte de travaux. Alors que la police les emmenait au commissariat et les traitait comme des délinquants, les trafiquants de devises poursuivaient leur petit commerce. Business as usual. Peut être que, tout au plus,  les cours ont légèrement frémis. Un peu comme à Wall street on épargne les délinquants en cols blancs pour embarquer les indignés. Mais comme les banques ont trop d’argent, la tripartite se terminait, ce jour là, avec l’effacement de la dette des entreprises privées. Tandis que Reda Hamiani, qui n’apparaît pas comme le patron le plus moderne, pouvait exprimer sa crainte de voir, dans le futur, la surenchère trotskyste et la lutte des classes accompagner la participation des syndicats autonomes à des travaux qu’Ouyahia aura, cette fois encore, dirigés d’une main de maître en compagnie de l’indispensable Sidi Saïd. Comme en octobre 88 le pouvoir refusait d’écouter les travailleurs de la zone industrielle de Rouiba, le pouvoir d’aujourd’hui a, encore, exclu d’entendre les syndicats autonomes. Autres temps, autres réalités, hier il s’agissait encore de ceux du secteur productif, aujourd’hui il s’agit essentiellement de travailleurs de la fonction publique qui crient leur colère. Mais, cette quasi-disparition du secteur industriel, le Président du Forum des Chefs d’Entreprises ne se l’explique que par la bureaucratie. Cette même satanée bureaucratie qui - déplore-t-il - fait que les devises s’échangent au Square Port-Saïd. Après tout n’est-il pas dans son rôle de regretter que la cotation de la monnaie nationale ne dépende pas uniquement du marché ? Il ne veut plus du dinar algérien comme d’une monnaie administrée, vestige d’une époque révolue. Comme il ne veut plus de subventions pour les produits de première nécessité. On n’est pas allé assez loin, assez vite. Il aurait peut être préféré confier l’épargne obtenue au prix de tant de douleurs à Madoff et pas seulement aux bons soins du trésor américain, pourtant déjà plus si fiable?

Du chahut de gamin, comme disait un ministre en place en octobre 88, aux 100 000 morts qui ont suivi et à l’émeute permanente qui s’épanouie sous le ciel de la Concorde civile, beaucoup n’ont toujours pas pris la mesure du fiasco national et saisi la nature des exigences de changement radical.  La déchéance que dénonce la société  marque la fin du déclin du système. Elle est  le symbole de l’échec total et définitif du système.  Elle ne pose pas qu’un problème de pouvoir, assimilable à un essaim de sauterelles qui se serait abattu sur un champ, elle pose un problème de valeurs. Elle met en évidence le caractère de la crise, crise de la nature de l’Etat, des valeurs qui le légitiment et le constituent, des forces qui en composent le socle. Malheureusement l’incapacité du pouvoir à prendre la mesure des défis se lit dans sa manière de mettre l’accent sur les moyens du changement plus que sur les fins. A–t-il des souffleurs de texte égyptiens ou tunisiens ? S’appellent-ils Tantaoui, Caïd Essebsi ? Maîtres en louvoiement et en temporisation. En tous cas la volonté de contrôle absolu du processus du changement est l’illustration des conceptions du pouvoir. Elles s’expriment dans son formalisme institutionnel, dans sa marche forcée vers les échéances électorales dont il est incapable de faire en sorte qu’elles mobilisent la société. Il mène des réformes en vase clos. Je ne veux pas voir une tête qui dépasse, tout le monde dans les rangs nous dit le pouvoir. Il veut imposer le compromis à la société, mais la société ne veut plus de compromis. Le compromis a été imposé en octobre 88, avec les conséquences que l’on sait, il a été renouvelé en avril 1999, avec les conséquences que l’on voit. Il est dépassé. Il est réduit en cendres. Celles de cette jeune femme qui vient de s’immoler à Oran parce que la justice, quelle ironie, l’a expulsée de chez elle. Le désespoir n’interdit pas la dignité. Des deux, elle en aura eu plus que n’importe quel dirigeant de ce pays qui s’il devait être chassé du pouvoir préférera - à coup sûr - le sort d’un Ben Ali s’enfuyant en vidant les caisses ou d’un Moubarak derrière les barreaux.
Les algériens dont on attendait qu’ils soient les précurseurs de la révolution arabe sont réticents nous dit-on. Insensibles à tous les Bouazizi qui se consument pour éclairer le chemin de la liberté. En vérité, ils ne veulent pas des demi-mesures vers lesquelles leur paraissent s’acheminer la Tunisie et l’Egypte. Ils veulent, encore moins, de la menace de l’OTAN dont les armes semblent autant braquées sur Khadafi que sur notre pays. Mais les algériens savent aussi que, contrairement à ce que dit le pouvoir, le 5 octobre n’était pas une anticipation de ce que certains peuples n’accompliraient qu’après nous. Ce genre de flatterie ne prend plus. Les algériens savent que ces pays ont connu, eux aussi à la fin des années 80, ce qu’on avait réduit à des émeutes de la faim. Comme notre pouvoir n’a pas résisté à qualifier octobre 88 ou les protestations de janvier dernier, avant de se raviser et d’en faire la preuve de la gloire éternelle du peuple algérien. Les Tunisiens et les Egyptiens étaient indépendants avant nous.  Ils ont fait tomber des despotes avant nous. Et alors ? C’est juste un encouragement à aller plus loin. Le peuple algérien, dans son infinie sagesse, fait preuve de patience. Il se méfie d’un cheval de Troie appelé réforme, il veut une révolution. Il veut solder tous les comptes. Comme il l’a fait avec le colonialisme. Ses comptes, il les tient depuis l’indépendance. Il ne pourra peut être pas égrener les noms de toutes les victimes, mais il se rappelle qu’il y a eu des morts dans les maquis de l’été 62 ou en 1963, il se souvient qu’on a torturé à El Harrach après 1965 et qu’en octobre 88 aussi, que des militants ont été injustement emprisonnés en avril 80 et que des jeunes ont trouvé la mort durant le printemps noir. Le peuple algérien sait que l’impunité ne doit pas couvrir les crimes subis par les victimes du terrorisme islamiste ou les disparus du fait des agents de l’Etat. Il prend, encore poliment, tout ce qu’il y a à prendre, mais il fait comprendre au pouvoir qui prétend octroyer des réformes, que ses projets ne consacrent ni les sacrifices, ni les attentes des forces démocratiques, ni surtout ses avancées considérables et les exigences nées des changements en cours dans le monde arabe. Le peuple algérien veut une seconde république. Il est prêt à ressortir les casseroles pour faire plus de bruit qu’à l’époque où il voulait son indépendance et sa république à lui.
Tout n’est pas rose, et si le pouvoir prétend avoir entendu les cris de détresse, ses nouvelles réformes sont toujours frappées du sceau du despotisme parce qu’elles intègrent ses seuls soucis de maintien. Oui c’est pénible je sais, mais le pouvoir paraît être encore dans des calculs visant à maintenir son hégémonie et enlever l’initiative du changement aux démocrates. En effet, si les réformes prétendent prendre en charge certaines des contraintes les plus flagrantes du système en matière d’information et d’audiovisuel, de création de parti ou d’association, sa démarche reste marquée par la volonté de contrarier la rupture. Sa réalisation ne peut donc que prolonger la situation actuelle. Cela a déjà été le cas avec les accords signés avec le Mouvement citoyen, la réforme du code de la famille, ou la levée de l’état d’urgence en maintenant l’interdit des marches à Alger. Vidées de leur substance ! L’aboutissement de véritables réformes exige une légitimité démocratique et un changement de Constitution assurant le caractère transpartisan des institutions dont l’ANP, impliquant la séparation du politique et du religieux ainsi que la dissolution de tous les partis /Etat qui forment l’Alliance présidentielle et en particulier la restitution du sigle du FLN au patrimoine des algériens, l’éradication du terrorisme qui montre les crocs à chaque fois que ça grenouille dans les appareils, et enfin la remise en cause radicale d’une orientation socio-économique imposée par la mondialisation néolibérale qui laisse le pays dépendant de la rente pétrolière. C’est l’automne et il n’y a pas que les feuilles qui doivent tomber ! Le pouvoir algérien n’y échappera pas, nous entrerons, nous aussi dans cette belle mêlée arabe, avec la même énergie, avec le même souci unitaire. Ce gouvernement, ce pouvoir doivent partir car ils ne peuvent pas accomplir les premières tâches urgentes. Ils doivent dégager mais pas pour laisser place à des technocrates qui reproduiraient, voire approfondiraient la dérive actuelle au prétexte qu’ils le feraient sans à priori idéologique. Ne laissons surtout pas s’installer un pouvoir truffé de technocrates, aussi obtus que les idéologues actuels, et qui viendraient, au nom de la bonne gouvernance, se vautrer dans les résidus de la réconciliation nationale bouteflikienne, usurpateurs qui nieraient la nature politique de la crise et les intérêts contradictoires qui s’opposent, assurant, en bons commis commerçants, la promotion d’un savoir-faire qui en ferait les authentiques défenseurs du bien commun et qui voudront eux aussi ratiboiser les coûts sociaux et optimiser les dépenses publiques. Il souffle un vent de liberté qui résonne comme un canon aux oreilles du pouvoir. Partout bruissent les débats sur ce qui nous concerne, énerve, réjouit. Un premier moment de rupture approche. Nous n’en n’avons jamais été aussi près. Comme du cinquantième anniversaire d’une indépendance confisquée. Ne nous laissons pas déposséder, encore une fois. Ce premier moment sera le produit des luttes en cours, avec les possibilités nouvelles qui existent déjà, avec les limites que notre histoire et la réalité internationale font encore peser. Mais comme dit Gramsci, après la lutte il n’y a qu’une chose de certaine : la lutte. Encore. Et avec elle, l’esprit de sédition, l’espoir, l’utopie radicale. Ceux que n’ont  jamais abandonnés les algériens. 

Le Renard

En septembre, il n’y a pas que le 11…



Les victimes des terribles attentats du World  Trade Center à New York  ne sont pas les victimes absolues de la barbarie islamiste. C’est pourquoi la commémoration du 10ème anniversaire a pu susciter un malaise, voire un agacement quant l’ambassadeur américain intervient dans la presse pour rassurer quant à la confiance de son pays en son allié algérien. Celui-là même qui durant ces dix années, en guise de sceau de sa politique de réconciliation nationale, a maintenu en prison Mohamed Gharbi, le patriote qui a fait face, seul, au terroriste islamiste qui le menaçait. C’est un satisfecit trop rapidement accordé à un allié qui a politiquement et idéologiquement désarmé la société, réduit la vigilance jusqu’à permettre le terrible attentat de Cherchell et abandonné plus de 100 000 victimes dont les familles n’ont de jour de deuil que celui de la mort de leur proche et de lieu de commémoration qu’une triste tombe solitaire, quand elle existe.
Le monde avait partagé la souffrance du peuple américain. La joie pathétique à l’annonce que la cible de l’opération Géronimo avait été abattue n’était plus qu’une joie américaine. Entre temps la longue plainte des victimes emportées par la folie meurtrière islamiste avait laissé place à un poing qui s’est abattu sur le monde arabe et musulman. Causant mort et destruction en Irak, prenant le risque de déstabiliser le Pakistan car incapable d’offrir un avenir à l’Afghanistan. Une main tendue lui aurait succédé. En direction des peuples qui aspirent à la démocratie. Dix ans après, les révolutions arabes viennent souligner les limites d’un  courroux et d’une ambition hégémonique loin d’assurer « le triomphe de l’esprit humain ». L’humanité des autres victimes de l’islamisme n’a pas été assez soulignée. Et L’humanité, au nom de laquelle on s’accorde un droit d’ingérence, en est-elle encore une, quand elle apporte autant de souffrances que les despotes dont elle est sensée protéger?
En septembre, il y a aussi le 14. Comme ce jour de 1994 où Salah Chouaki a été assassiné par trois jeunes intégristes. Salah pour qui l’expression dignité républicaine semble avoir été forgée. Salah de ceux par qui nous avons connu les chants de cheikh Imam et la poésie de Nazim Hikmet. Salah, le militant et l’éducateur qui croyait tant et si bien en cette jeunesse qu’il est resté affronter les balles assassines plutôt que de l’abandonner ou pire comme le fait un pouvoir indigne des sacrifices des meilleurs des fils de ce pays, n’hésite pas à mettre en prison trois jeunes chômeurs désespérés qui étaient prêts à renoncer à leurs vies pour interpeller sur le sort fait à toute une génération.
On ne peut pas égrener le nom de toutes les victimes algériennes, mais aujourd’hui, j’avais juste envie de me rappeler de l’une d’elles et des mots de Maïakovski : « Adieu camarade, tu l’as terminé, ton chemin honnête et vaillant. L’horreur. Ferme les yeux, ne regarde pas, comme si tu marchais sur un fil de soie, comme si un instant tu étais seul à seul avec une immense et unique vérité ».

Le Renard